SELFIE : la beauté et le danger
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Dans la Grèce antique, on dirait du selfie, qu’il est le pharmakos. C’est-à-dire, le remède et le poison. Autant on peut sauvegarder soi-même un instant spécial à partir de son smartphone, autant le danger n’est pas loin quand on veut le faire parfois.
Tendance relevée autant chez les jeunes gens que chez les plus âgés, le selfie désigne une photographie prise de soi par soi-même dans un contexte particulier. Sauf que l’on ne mesure plus dans quel contexte il faut s’aventurer sur la capture de l’instant. Mais avant de parler ici des dangers du selfie, il faut peut-être rappeler que cette mode à développer chez plusieurs personnes un intérêt particulier pour leur physique.
Avec le selfie, il ne faut plus être seulement sur son 31 ; avoir le vêtement le plus chic, mais être physiquement chic. L’on soupçonne d’ailleurs un rapport assez étroit de nos jours entre selfie et chirurgie esthétique. Il se pourrait que pour être beau sur les photos, et puisqu’avec le selfie la photo est devenue la chose la mieux partagée, certains n’hésitent pas à aller se faire opérer le nez, les paupières ou un menton en galoche profitant parfois des prix de génioplastie abordables dans des pays comme la Tunisie, pour ses interventions. Bref, le selfie semble être devenu ce qui a révélé aux yeux du monde et de ses humains, leurs défauts. L’harmonie du visage est devenue une quête qu’impose le selfie. Les commentaires sur les photos postés, voilà ce qui contraint à la quête chirurgicale de la beauté.
Mais jusqu’où sommes-nous réellement prêts à prendre des risques pour donner de nous aux autres une image originale, unique ? Quels risques sommes-nous prêts à prendre pour être celui qui aura posté la photo la plus originale ?
Les nombres de décès, d’accidents graves ou mineurs, sont aujourd’hui en constante augmentation. La faute bien sûr au selfie. Chacun veut y aller de son imagination. Celui prêt à défier une colonie de crocodiles pour capturer l’image la plus fabuleuse qui soit, celui prêt à s’amuser à prendre des selfies avec des bêtes sauvages dans un parc ou celui qui se filme au volant pour épater une colonie d’amis virtuels qui en demandent toujours un peu plus.
En 2015, on comptait plus de 15 morts de suite de selfie. Apparemment la nouvelle pandémie qui va décimer l’humanité si nous ne prenons gare. On les compte encore par unité. Ce qui sans doute n’est pas encore prêt à faire déclencher la sonnette d’alarme. Mais autant il est magique de garder un souvenir de soi, d’une soirée entre potes, d’un concert mais autant il serait pathétique de vouloir trop en faire au point d’en perdre la vie. Au final, il paraît que ce n’est pas la beauté mais la vanité qui est recherchée. De même que ce n’est pas le danger qui nous guette avec le selfie, mais la stupidité qui nous conduit vers le danger.