La chirurgie esthétique d’un point de vue socio-culturel

La chirurgie esthétique d’un point de vue socio-culturel

La chirurgie esthétique a été peu étudiée par les sociologues, en particulier en ce qui concerne les facteurs socioculturels qui y sont liés, tels que les modèles d’esthétisme collectif promus par les médias, le profil sociodémographique des personnes y ayant recours, leurs antécédents médicaux et les significations internes de leurs choix. Les enjeux socio-médicaux de la chirurgie esthétique sont importants, car la médecine postmoderne permet la réalisation des fantasmes de remodelage corporel et de libération, tout en alimentant de nouvelles rationalités. Le corps est de plus en plus soumis aux règles du jeu social, en particulier celles qui régissent le marché du travail (entretien d’embauche, chasse de têtes, intégration …etc.). La chirurgie esthétique s’inscrit dans ce culte du corps, qui relègue la laideur en bas de l’échelle sociale et se traduit par une domestication patiente de la chair. Les médias ont un rôle important à jouer en encourageant le public à dépenser des sommes considérables pour subir des interventions chirurgicales esthétiques. Ils minimisent souvent les effets secondaires postopératoires et exaltent les exploits d’une médecine victorieuse.

 

 

 La « chirurgie esthétique du mieux paraître »

 

 

Ce terme concerne les niveaux d’élaboration du sens des opérations chirurgicales esthétiques, qui se construisent sur des termes distincts. Le premier niveau concerne les termes descriptifs, qui illustrent les motivations individuelles et les objectifs recherchés. Les patients accordent une attention accrue à leur apparence et à l’ensemble des pratiques corporelles, et les modèles de presse ont une forte influence sur leur décision de recourir à la chirurgie esthétique. Le deuxième niveau est celui des termes affectifs, qui évoquent le mal-être éprouvé et soulignent l’attention particulière accordée aux parties physiques passées sous le scalpel. Le troisième niveau est celui des termes fondés sur des jugements esthétiques, qui permettent l’appréciation des résultats obtenus. Les motivations et les parties corporelles passées sous le scalpel diffèrent selon le genre, avec les femmes qui mettent en avant le jeu de la séduction et les parties les plus intimes du corps ou celles considérées comme symboles du sex-appeal.

Les hommes se réfèrent à l’accroissement de leur « capital séduction », mais les valeurs « d’échange » décrites ne s’inscrivent pas dans les limites étroites d’une relation en particulier, mais de relations en général. La question de la démocratisation de la chirurgie esthétique et son impact sur la perception de soi et l’amour-propre des individus qui y ont recours. L’auteur souligne que cette forme de chirurgie ne touche que la forme et non le fond, laissant ainsi l’être intact. Les individus qui optent pour ce type d’opérations sont souvent influencés par les résultats apposés sur d’autres corps, entretenus par les modèles véhiculés par les magazines de presse.

 

Les opérations esthétiques déplacent les exigences individuelles, et le risque pris par le sujet est de ne pas se reconnaître dans le reflet de ses nouveaux traits. Les sujets cherchent à travers leur opération à consolider leur amour-propre, mais ne semblent pas tirer de grands bénéfices de leur choix. Cette insatisfaction semble s’accroître au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la date de l’opération. Cependant, aucun des sujets ne considère l’opération comme étant inutile, ni n’a exprimé de regrets quant à son choix.

 

En outre, ceci évoque également les personnes souffrant du syndrome boulimique-anorexique qui décident de subir une opération chirurgicale. Il est a souligner que le recours à la chirurgie peut aggraver, plutôt qu’améliorer, l’insatisfaction envers l’image du corps dans des cas de pathologies d’ordre psychologique préexistantes.

 

 

La « chirurgie esthétique du mieux-être »

 

Ceci concerne la chirurgie esthétique comme étant une solution à un mal-être profond ressenti par une partie de la population. Pour ces personnes, la chirurgie esthétique n’est pas considérée comme un simple embellissement, mais comme une chirurgie plastique et reconstructive visant à supprimer une différence stigmatisante et à rétablir une cohésion identitaire. Leur mal-être est souvent dû à une stigmatisation précoce et continue de leur apparence physique, qui les conduit à s’approprier le stigmate et à avoir une crise d’identité somatique. Dans cette perspective, la chirurgie esthétique peut les aider à retrouver leur intégration normative et leur cohésion identitaire.

Les commentaires sont clos.